Les critiques pleuvent sur le sommet de Rio+20
Plusieurs ONG ont manifesté leur fureur, jeudi 21 juin, devant "l'échec" et "l'absence d'engagement" du sommet sur le développement durable Rio+20, affirmant qu'elles se battront d'autant plus pour la nature et contre la pauvreté, avec ou sans les gouvernements.
"On ne va pas rester tranquilles, il est temps pour nous de mobiliser pour que les gens que nous avons élus rendent des comptes", a déclaré Sharon Burrow (Confédération internationale des syndicats), lors d'une conférence de presse qui réunissait plusieurs représentants de la société civile. "Nous avons vu pendant cette conférence un leadership fort des ONG, du secteur privé, des collectivités locales", mais "rien de la conférence", a souligné Lasse Gustavsson, du WWF, qui s'est dit "désespéré" que les gouvernements n'aient pas davantage conscience de l'état de la planète.
Daniel Mittler, de Greenpeace, considérant le résultat de Rio+20 comme "désastreux", a dit lui aussi sa "déception" et sa "colère", tout en estimant que "l'échec de Rio+20 donnera aux gens plus d'énergie pour se mobiliser et se battre pour la planète". Barbara Stocking, pour Oxfam, a insisté sur "le manque de confiance" vis-à-vis des gouvernements, qui devraient "avoir honte d'eux-mêmes".
"NOUVELLE FORME DE COLONIALISME"
A la tribune du sommet, les représentants des 191 pays membres de l'ONU présents à Rio continuaient à défiler avec des appels à une action rapide pour sauver la planète et réduire les inégalités dans le monde. Mais les critiques ont aussi émané des pays du Sud. Le président équatorien Rafael Correa a tranché avec les discours ronronnants en soulignant que les 20 % de pays les plus riches génèrent 60 % des émissions de gaz à effet de serre, tandis que les 20 % les plus pauvres en génèrent 0,72 %.
Le président Evo Morales a quant à lui dénoncé le concept d'économie "verte" - dont l'introduction dans la déclaration finale des dirigeants est considérée comme une victoire par l'Europe -, qui représente selon lui "une nouvelle forme de colonialisme". "Les pays du Nord s'enrichissent en se livrant à une orgie dévastatrice, et obligent les pays du Sud à être leurs gardes-forestiers pauvres, a-t-il estimé lors d'un discours en séance plénière de la conférence de l'ONU. Ils veulent nous imposer des mécanismes d'intervention pour orienter et juger nos politiques nationales [...] sous des prétextes environnementaux."
M. Morales, qui a aussi exhorté l'Afrique à ne pas privatiser ses ressources, a mis en garde contre le capitalisme vert, qui "transforme chaque arbre, chaque plante, chaque goutte d'eau et chaque être de la nature en marchandise". Les Indiens sont allés dans le même sens en demandant aux dirigeants de la planète de protéger la "Mère Terre" et en rejetant l'économie verte, une "mercantilisation de la nature" et "un crime contre la Terre et l'humanité".
ROULEAU ARCTIQUE
Les chefs d'Etat et de gouvernement devaient par ailleurs se réunir en tables rondes pour étudier comment mettre en œuvre les résultats de la conférence, couchés dans un document final jugé généralement aussi mou que vide.
Dans la matinée, Greenpeace avait lancé une campagne impliquant des acteurs, cinéastes, stars du rock et hommes d'affaires, pour faire de l'Arctique un sanctuaire vierge de forages pétroliers et de pêche industrielle. Sur un "rouleau arctique", Greenpeace va transcrire des noms de personnalités, mais aussi de simples citoyens.
Le rouleau sera déposé sur les fonds marins du pôle Nord, à 4 km sous les glaces. Un "drapeau pour l'avenir", réalisé par des jeunes, marquera l'endroit où le rouleau aura été déposé. La campagne a été lancée ce jeudi 21 juin, parce que le cercle arctique connaît ce jour-là, le plus long de l'année, vingt-quatre heures de soleil.