La société civile du Québec critique le Plan Nord à Rio+20
Le 17 juin 2012, Rio de Janeiro, Brésil - Des organisations de la société civile québécoise et canadienne présentes à Rio pour la conférence des Nations Unies sur le développement durable et le Sommet des peuples se mobilisent pour critiquer le Plan Nord que le Premier Ministre Jean Charest vient promouvoir comme étant « le plus grand plan de conservation du territoire ». Alternatives, l’AQLPA, la CSN, l'Institut du développement durable des Premières Nations du Québec (IDDPNQL) et du Labrador, ainsi que Powershift , ont tenu à réagir conjointement à l’annonce de la conférence du Premier Ministre intitulée : «Le Plan Nord du Québec, vers un nouveau modèle global pour le développement durable ».
D’ailleurs, les organisations participeront à un atelier organisé dans le cadre du Sommet des peuples le 18 juin (voir les détails ci-dessous).
Pour Michel Lambert, directeur d’Alternatives, « le Nord du Québec est un milieu fragile qui renferme parmi les derniers écosystèmes vierges de la planète, or le gouvernement planifie de vastes projets d’exploitation industrielle avant même que ces écosystèmes soient protégés adéquatement. Le bon sens requiert pourtant l’approche inverse : protéger pour ensuite développer ». Les organisations considèrent également que le gouvernement s’apprête à brader les ressources du Nord sans que l’on s’assure que cette exploitation bénéficie à l’ensemble de la population et non pas qu’à une poignée de compagnies. Il importe selon ces organisations que la réforme de la Loi sur les mines soit complétée et que les Québécoises et Québécois obtiennent leur juste part de l’exploitation des ressources naturelles qui doit être respectueuse de l’environnement et des communautés.
Le gouvernement procède déjà à des projets industriels d’envergure alors qu’il n’a pas l’aval de l’ensemble des Premières Nations qui occupent ce territoire ancestral. Bien que le gouvernement Charest affirme avoir consulté adéquatement les communautés autochtones dans l’élaboration du Plan Nord ces dernières ont affirmé le contraire lors du Forum Plan Nord tenu en mai dernier à Québec. Selon Andrée-Anne Vézina coordonnatrice de l’IDDPNQL, « le processus de consultation est incomplet, plusieurs nations ont été laissées de côté; pourtant l application du plan nord aura un impact majeur sur leurs droits et activités sur le territoire ». Les Premières Nations doivent donner leur plein consentement à l’exploitation des ressources sur leurs terres ancestrales et être assurées d’en retirer des bénéfices nets à court et long terme.
Les organisations rappellent que le Plan Nord prévoit des investissements de l’ordre de 47 milliards de dollars dans des projets énergétiques, et ce, sans débat public. Le gouvernement propose de larges barrages hydroélectriques qui auront des impacts environnementaux majeurs et qui risquent d’être financièrement non rentables pour le Québec. Selon Patrick Bonin, directeur climat-énergie à l’AQLPA, qui a siégé sur le groupe de travail Énergie du Plan Nord : « les groupes environnementaux du Québec ont rejeté ce Plan Nord qui est digne des années ‘70. Le gouvernement n’a d’ailleurs jamais justifié les projets proposés, les besoins énergétiques à combler ou même présenté une évaluation des différentes alternatives qui permettraient de combler ces éventuels besoins ». Selon Amara Possian de Powershift, « il y a lieu de se demander comment le Québec compensera pour les émissions de GES supplémentaires qui proviendront du développement du Plan Nord sachant qu'en plus le gouvernement souhaite développer le pétrole et le gaz de schiste ».
Les organisations considèrent également qu’il est extrêmement gênant que le gouvernement lance « Chantier d’une génération » alors que les scandales sur la corruption et la collusion dans le milieu de la construction se multiplient et qu’une enquête est en cours ».