Rio+20: les leaders arrivent dans une ambiance tendue
Les délégués de Rio+20 sont parvenus mardi à un accord à l'arraché sur un projet de déclaration finale quelques heures avant le début d'un sommet où une centaine de chefs d'Etat ou de gouvernement devaient s'engager en faveur de l'éradication de la pauvreté et de la préservation de la planète.
Des dizaines de ministres devaient comme eux participer, de mercredi à vendredi, à ce sommet intitulé Rio+20, vingt ans après le premier sommet de la Terre.
Ils doivent ratifier vendredi un projet de déclaration finale de 49 pages, intitulée "L'avenir que nous voulons". Ce texte a été rédigé sous l'autorité du Brésil, pays hôte, après que les négociations conduites pendant cinq mois par les Nations unies n'ont pas abouti.
Le document a fait l'objet de longues discussions au cours de la nuit de lundi à mardi, les Européens refusant un document qui leur semblait dépourvu d'"ambition", avec "une régression du multilatéralisme". Ils demandaient en particulier qu'une place plus grande soit faite au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), même s'il n'accède pas au titre d'organisation onusienne pleine et entière.
Après une nouvelle séance de négociations, les délégués des 193 pays de l'ONU ont adopté à la mi-journée le projet de déclaration.
"Cette déclaration sera ratifiée par les chefs d'Etat et de gouvernement", a assuré un diplomate. Aucune indication n'avait immédiatement été donnée sur les modifications éventuelles faites au texte.
De grandes ONG ont vigoureusement critiqué le projet de texte. Greenpeace a parlé d'"échec épique" et WWF de "déception significative". "Nous avons besoin que les leaders du monde viennent au secours des négociations, ou bien nous allons avoir plus de pauvreté, plus de conflits et plus de destruction de l'environnement", a déclaré à l'AFP son directeur général, Lasse Gustavsson.
Les présidents français François Hollande et sud-africain Jacob Zuma, ainsi que les Premiers ministres indien Manmohan Singh et chinois Wen Jiabao vont faire le déplacement, en provenance du G20 de Los Cabos, au Mexique. Le chef d'Etat iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont la visite a suscité une manifestation de protestation dimanche, est aussi attendu.
Des absents de marque
Mais nombre de dirigeants vont briller par leur absence: le président américain Barack Obama, représenté par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel. Le président russe Vladimir Poutine a également renoncé à ce déplacement.
Depuis mercredi, quelque 50.000 personnes - élus locaux, hommes d'affaires, scientifiques, militants d'ONG - participent à la conférence Rio+20, un forum bouillonnant de quelque 500 événements sur dix jours. Le programme, extrêmement varié, va de dialogues d'experts avec la société civile sur l'eau, l'énergie, l'alimentation, à des conférences sur le "verdissement" de la Chine ou les moyens d'économiser un mégawatt par jour.
Il a été l'occasion de plusieurs moments forts, comme la présentation de la déclaration "l'Avenir que nous choisissons" par un groupe d'une quarantaine de prix Nobel et d'"Anciens", une organisation d'ex-chefs d'Etat fondée par Nelson Mandela, demandant aux leaders du monde de saisir "l'occasion historique" de mettre la planète sur une voie de développement durable.
"C'est maintenant qu'il faut agir", ont exhorté ces "Sages".
"Assez de bla bla", ont lancé des internautes, militants et simples citoyens, au cours de "dialogues sur la soutenabilité": "Il y a beaucoup de choses à changer, cessez de parler, faites quelque chose".
Ils faisaient écho à un contre-sommet, "le Sommet des peuples", organisé dans le centre de Rio, où Indiens coiffés de plumes, paysans sans terre et femmes en colère ont fait entendre leurs voix dissidentes, mais une voix lointaine, à une quarantaine de kilomètres du lieu de la conférence.
En parallèle, 1.200 chefs d'entreprise - certains à la tête de géants comme Coca Cola, Shell, Bayer et Microsoft - ont pris plus de 150 engagements, comme utiliser du coton biologique ou économiser l'énergie, et ont lancé un appel à la "révolution industrielle verte". Plusieurs ONG ont toutefois critiqué ce "verdissement" à bon compte considéré comme un outil de marketing.