Le Canada, bête noire du sommet Rio+20
Le sommet de la Terre de Rio n'a pas encore officiellement commencé, mais le Canada doit déjà se défendre d'être une force de l'obstruction.
En effet, le Canada combat des propositions pro-environnementales concernant deux des principaux enjeux de la conférence des Nations unies sur le développement durable, soit les subventions aux énergies fossiles et la protection de la biodiversité en haute mer.
Hier, le ministre de l'Environnement, Peter Kent, a confirmé que le pays s'opposait à un nouveau traité sur la biodiversité devant s'appliquer aux eaux internationales, mais pour des raisons de procédure.
«La position du Canada à ce sujet est une question de procédé plutôt que de contenu, a fait savoir Adam Sweet, porte-parole du ministre Kent. Le Canada participe déjà à un processus ad hoc de l'Assemblée générale des Nations unies, qui a été adopté en novembre 2011, au sujet de la protection de la biodiversité. Le Canada croit que le fait de lancer un nouveau traité à Rio+20 est un dédoublement.»
Pourtant, de nombreux pays se rendent à Rio pour tenter de renforcer la protection des océans - c'est d'ailleurs l'un des thèmes principaux de la conférence. Le mois dernier, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a lancé un appel en ce sens. «Rio+20 doit galvaniser l'action pour améliorer la gestion et la conservation des océans», a-t-il déclaré à l'occasion de la Journée mondiale de la biodiversité, le 22 mai.
Selon Anne Quach, députée de Beauharnois-Salaberry et porte-parole adjointe en matière d'environnement pour l'opposition officielle, la position du Canada à Rio «s'aligne exactement avec tout ce que font les conservateurs ici avec C-38 [le projet de loi sur le budget]». «C'est plus que de l'inaction, c'est faire reculer tout ce qui a trait à la protection de l'environnement, au profit de l'industrie, dit-elle. C'est comme si les conservateurs étaient incapables de porter le message d'un Canada plus vert et en même temps plus prospère.»
Le Canada est aussi montré du doigt pour sa réticence à mettre fin aux subventions à l'industrie des combustibles fossiles, un sujet pour lequel un certain consensus est possible à Rio.
Hier, le président américain Barack Obama a renouvelé sa promesse de mettre fin à 4 milliards de subventions à l'industrie pétrolière. La semaine dernière, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, s'est prononcée en faveur de cette proposition.
Mais selon le projet de texte de la déclaration de Rio+20, diffusé par le journal britannique The Guardian, le Canada fait partie d'une poignée de pays qui s'opposent à tout engagement formel en ce sens.
Cette voie se heurte à l'opposition encore plus catégorique du G77, qui comprend les pays qui subventionnent le plus les énergies fossiles: l'Iran, l'Arabie saoudite et l'Inde, notamment.