A Rio, la vie n’est pas si verte


Entité: 
Courrier International
Date de la référence: 
14 Juin, 2012

Si elle s’apprête à accueillir la Conférence des Nations unies sur le développement durable, Rio de Janeiro n’est pas une capitale verte, tant s’en faut. La ville cumule les problèmes – égouts qui contaminent les plages et les lagunes, absence de tri sélectif des déchets, bus polluants en guise de transports collectifs. Bref, le siège de la Conférence des Nationsuniessurledéveloppement durable Rio+20 n’est pas vraiment une vitrine en matière d’environnement.

Les problèmes sont omniprésents même dans les zones où se dérouleront les diverses manifestations de la conférence. Ainsi, les participants au Sommet des peuples pour la justice sociale et environnementale, qui a lieu [du 15 au 23 juin] à l’Aterro do Flamengo, un parc de 1,2 million de mètres carrés, devront supporter la pollution de la baie de Guanabara : les égouts s’y déversent avec un débit d’environ 15 000 litres par seconde et cela fait vingt ans qu’on attend la réalisation du programme d’assainissement. Rio est l’une des rares villes à s’enorgueillir de posséder en son cœur deux immenses zones forestières : la forêt de Tijuca et le parc de Pedra Branca. La ville compte également 34 700 hectares de végétation naturelle et 2 200 hectares d’espaces reboisés (30,3 % de son territoire), ainsi que la plus grande surface urbaine verte dans le pays – près de 700 000 arbres plantés sur les bordures et les trottoirs. Mais ceux qui ne traversent que les zones touristiques du sud et de l’ouest de la ville, qui figurent sur la plupart des fameuses cartes postales de Rio, sont loin d’imaginer que la capitale carioca manque cruellement de verdure à certains endroits.

La ville compte en moyenne 55 mètres carrés d’espaces verts par habitant, un chiffre largement supérieur aux 12 mètres carrés recommandés par l’Organisation mondiale de la santé. Mais dans les quartiers nord il n’y a plus que 3,75 m2 d’espaces verts par habitant. Et ce chiffre tombe à 0,6 m2 si l’on ne prend en compte que les parcs et les jardins.

Dans les quartiers ouest, avec les raccordements clandestins aux égouts et les ordures, les lagunes de la Baixada de Jacarepaguá agonisent depuis des années. Elles se trouvent à proximité de Riocentro, siège de la conférence de l’ONU. Le quartier ouest représente d’ailleurs le pire indicateur en matière de propreté urbaine : 79 % seulement des domiciles sont reliés au réseau d’assainissement, qui continue de se déverser dans les vallées, les fleuves et la mer.

Mais la situation la plus alarmante est celle de l’Alto da Boa Vista, dans la forêt deTijuca,aunord.Cequartierhuppé nedisposed’unréseaud’égoutsque pour 66 % des habitations ; 14 % des résidences sont pourvues de fosses septiques rudimentaires et, dans 11 % des cas, les eaux usées vont directement dans le fleuve.

Les célèbres plages de la zone sud sont elles aussi touchées par ces problèmes d’assainissement. L’été dernier par exemple, les eaux de la plage de Leblon n’ont été déclarées propres à la baignade que durant deux jours. Deux projets, pour un montant de 650 millions de reais [253 millions d’euros], prévoient l’assainissement des plages d’ici à 2014 et des lagunes d’ici à 2017.

Le traitement des déchets constitue par ailleurs un défi majeur. Car si la mairie a annoncé la fermeture du site de Gramacho, la plus grande décharge à ciel ouvert d’Amérique latine, le 1er juin, le problème est loin d’être résolu. Quant au tri sélectif, il ne concerne que 0,3 % des 152 000 tonnes de déchets collectées par mois. Le maire de Rio, Eduardo Paes, a promis une ville plus verte d’ici à 2016. “Nous construisons actuellement dix centres de recyclage dans le cadre d’un premier partenariat avec le Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social (BNDES, première banque d’investissement au Brésil), soit un investissement de 600 millions de reais [254 millions d’euros]. La situation s’améliore, mais il reste encore beaucoup à faire”, reconnaît-il.

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