L’océan Arctique aux enchères
Partisan avoué de l’exploitation des ressources fossiles jusque dans les zones exemptes de tout développement industriel, le gouvernement Harper a décidé de mettre aux enchères près de 10 000 kilomètres carrés de l’océan Arctique. Les pétrolières pourront donc aller y chercher des hydrocarbures et éventuellement les exploiter, au profit de leurs actionnaires.
« Cette mise aux enchères signifie que nous croyons au potentiel d’exploitation des ressources naturelles du Nord, des ressources qui représentent une immense croissance économique et des possibilités d’emplois formidables pour les habitants du Nord et pour tous les Canadiens », a soutenu Jason Macdonald, le porte-parole de John Duncan, ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien.
Le potentiel pétrolier de ces zones marines bouleversées par les changements climatiques intéresse plusieurs des multinationales de l’énergie fossile. Au fur et à mesure que les gisements plus accessibles se tarissent, elles doivent en effet se tourner vers des zones plus reculées. BP et Esso ont d’ailleurs déjà loué le brise-glace Amundsen, le premier navire de recherche scientifique au Canada, pour mener des projets d’exploration dans la mer de Beaufort.
Cette volonté de laisser la voie libre aux pétrolières survient alors que le gouvernement Harper a annoncé son intention d’accélérer le processus d’approbation des projets énergétiques.
Deux ans après la catastrophe environnementale provoquée par BP dans le golfe du Mexique, plusieurs scientifiques redoutent cependant les impacts potentiels de cette quête de ressources non renouvelables. L’Arctique, de plus en plus accessible en raison de la fonte des glaces, renferme en effet une riche biodiversité dont certains pans sont encore méconnus. Plus de 2000 scientifiques de 67 pays ont d’ailleurs demandé à la communauté internationale de protéger l’océan Arctique, en interdisant la pêche commerciale tant que la recherche et un encadrement réglementaire n’assureront pas le respect de cet environnement.
Dans ces zones, une intervention en cas de marée noire serait par ailleurs complexe, en raison de la présence de glaces et de l’éloignement.