Un Sommet des Peuples pour le 99%
Du 15 au 23 juin lors de Rio + 20
Alors que la Conférence des Nations unies sur le développement durable mettant en vedette les chefs d’État se déroulera dans un centre de congrès archi-protégé à 40 kms du centre de la ville, un sommet parallèle se tiendra au même moment en plein centre de Rio de Janeiro.
Construit comme un espace autonome, populaire et alternatif à la conférence officielle, le Sommet des peuples pour la Justice sociale et environnementale, contre la marchandisation de la vie et pour la défense des biens communs, aura comme objectif d’établir une stratégie des peuples alternative à celle des chefs d’état.
Définir des plans d’action communs
Cet événement ouvert au grand public, invite les organisations de la société civile et les mouvements sociaux du monde entier à présenter des pistes de réflexion sur l’avenir de la planète. Conçu sur le modèle des Forums sociaux mondiaux avec de multiples activités autogérées, le sommet des peuples s’en distinguera néanmoins par l’organisation “d’assemblées de convergence” permettant de dégager non seulement des positions communes mais aussi des plans d’actions communs.
Car les mouvements sociaux brésiliens et internationaux à l’origine du Sommet des peuples constatent l’échec de l’idée de développement durable avancée en 1992 ainsi que le cul-de-sac des négociations climatiques internationales.
Malheureusement, les négociations engagées au sein de l’ONU sur le contenu de document final de Rio + 20 ne font que confirmer les pires appréhensions des mouvements sociaux. Selon les premières ébauches, connues sous le nom de Draft Zero dans le langage onusien, aucun engagement légal ou contraignant ne serait discuté lors du Sommet des chefs d’état. Il y aura donc beaucoup de belles paroles dans l’enceinte officielle mais aucun plan d’action substantiel.
Pire encore, l’appel que s’apprête à lancer l’ONU pour réaliser une “économie verte” s’inscrit dans un contexte de crise économique sans fin et est présentée comme une opportunité d’extension de l’économie de marché à la nature, ouvrant la porte à une marchandisation accrue de l’eau, des forêts et de l’agriculture. En outre, la mainmise des grands groupes financiers et privés sur les ressources naturelles, l’extraction forcenée des ressources minières ou pétrolières au détriment de l’environnement, ne sont même pas évoquées dans les documents préliminaires. Dans un tel état de choses, les intentions affichées par l’ONU sont aux mieux d’une naïveté extrême, ou au pire, de la poudre aux yeux. Ce capitalisme vert est incapable de résoudre la crise environnementale et sociale ou d’amorcer la transition vers une société réellement écologique.
Une délégation du Québec
Pour briser cette paralysie qui frappe les organismes internationaux, les organisateurs du Sommet des peuples tablent sur une démonstration de force et des dizaines de milliers de personnes sont attendues lors des assises. Du Québec, plus d’une centaine de représentants de plusieurs organisations sociales seront présents dont notamment une délégation organisée par le YMCA, UniAlter et Alternatives. Cette délégation regroupe 77 personnes actives dans des organisations sociales et syndicales, qui sont notamment mobilisées sur des enjeux comme les gaz de schistes, les sables bitumineux, les changements climatiques ou la défense des droits autochtones.
Ensemble, nous clamerons que le Gouvernement canadien qui a rejeté le Protocole de Kyoto et qui empoisonne la planète avec le pétrole « sale » des sables bitumineux ne nous représente pas, que les biens communs et les ressources naturelles sont celles des 99% et qu’il est grand temps qu’au mot climatique, on ajoute enfin le mot justice !
P.-S.
Roger Rashi est coordonnateur des campagnes chez Alternatives Ce texte fut publié dans Le Devoir du 21 avril 2012, cahier G « Vers Rio 2012 », pg 7