Rejet de «jus de poubelle» dans le golfe


Entité: 
La Presse
Date de la référence: 
14 Avril, 2012

Gaspé a rejeté l'équivalent de 80 camions-citernes de lixiviat non traité de son dépotoir dans le golfe du Saint-Laurent, du 3 au 5 avril. La municipalité invoque une urgence causée par la fonte rapide des neiges. Le problème survient un an et demi après que du lixiviat ait été déversé dans une rivière à saumon.

Gaspé - Au dépotoir de Gaspé, le lixiviat («jus de poubelle») qui s'écoule des déchets, mêlé à l'eau de pluie et de fonte, aboutit dans un bassin d'accumulation avant d'être traité. Début avril, ce bassin est venu près de déborder après plusieurs journées chaudes.

Des camions-citernes ont transporté 1600 m³ de lixiviat (10% du contenu du bassin) jusqu'à Rivière-au-Renard. On y a déversé le liquide en mer, par le conduit qui sert normalement aux eaux d'égout.

«On a agi pour éviter le pire», affirme le maire François Roussy. «On sait que ça va contre la réglementation, reconnaît le maire. On s'attend à recevoir une amende, qu'on paiera.» La Ville veut agrandir le bassin et augmenter sa capacité de traitement du lixiviat, des travaux de deux millions$ prévus à l'automne.

Lors des fortes pluies de décembre 2010, Gaspé avait rejeté du lixiviat non traité dans la rivière à saumon York. Un rapport de l'époque évoque une quantité de 6000 m³ [l'équivalent de 300 camions-citernes]. Aujourd'hui, Gaspé parle plutôt de «2000 à 3000 m³». Pourquoi ne pas avoir réglé le problème entre décembre 2010 et aujourd'hui? «On s'est mis à chercher une solution permanente tout de suite», assure le maire, mais la nouvelle menace de débordement est survenue avant qu'une solution puisse être appliquée, ajoute-t-il.

En 2010, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) avait donné son accord au déversement, à cause de «conditions extrêmes de précipitations», rapporte le porte-parole du ministère, André Beaulieu.

Cette fois-ci, le MDDEP a appris le déversement par une plainte du public, le 3 avril, affirme M. Beaulieu. La Ville ne les aurait appelés que le lendemain. Il a fallu attendre au 5 avril pour voir des inspecteurs du MDDEP sur les lieux. Le ministère attend ses propres analyses des échantillons de lixiviat avant de décider de la suite.

La municipalité maintient que le Ministère connaissait la situation de quasi-débordement «plusieurs jours» avant le déversement, qui était «l'unique recours».

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