Gaz de schiste - Pas d'autres fracturations en vue
La mise en place du comité responsable de l'évaluation environnementale stratégique (EES) sur les gaz de schiste aurait eu pour effet de refroidir totalement cette industrie, car «aucun projet n'est sur la table ou en vue», selon le coordonnateur de ce comité, Robert Joly.
Ce dernier, qui dévoilait hier le plan final de cette EES, estime que «dans les faits, il n'y aura peut-être pas de fracturation hydraulique» nouvelle d'ici la fin du mandat d'étude, en novembre 2013. En somme, ce mandat d'étude aurait sur le terrain a l'effet d'un quasi moratoire, d'autant plus que tout nouveau projet doit être recommandé par le comité pour obtenir un feu vert de Québec.
Le comité estime par ailleurs qu'il n'a pas besoin de nouveaux projets d'exploration pour vérifier les nombreuses hypothèses scientifiques qu'il veut valider. Il opte plutôt pour des tests en laboratoire afin de mieux contrôler les paramètres à l'étude, en utilisant les carottes de forage des 19 puits répertoriés au Québec. Ces carottes sont entreposées au ministère des Ressources naturelles et de la Faune MRNF).
Mais ce n'est pas le point de vue, même «préliminaire», du porte-parole des comités de vigilance, Serge Fortier, du Collectif scientifique sur les gaz de schiste et de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). Aucun de ces groupes n'a vu hier un changement de cap majeur dans les orientations du comité de l'EES, qui met ses ressources sur le contrôle des impacts de la filière avant d'avoir établi, à leur avis, s'il est pertinent de la développer au Québec.
Le comité de l'EES s'est pourtant donné de nouvelles priorités à la suite des récentes consultations publiques. Il entend accorder plus d'importance à l'agriculture, au tourisme et à la foresterie, ainsi qu'au rôle des municipalités dans la «gouvernance de la filière». Il se propose aussi d'étudier les problèmes liés à l'acceptabilité sociale de la filière pour «comprendre» les facteurs qui expliquent le rejet ou l'acceptation des projets.
Pour André Bélisle, de l'AQLPA, ces ajouts ne changent rien au fait que plus de 40 000 personnes ont dit «non» à ce type d'activités chez eux: «C'est pas cette EES qui va dire aux gens quoi faire. Et elle ne tient même pas compte du fait qu'il y a une solution de remplacement financée à grands frais par Québec, la biométhanisation, qui peut remplacer 80 % du gaz naturel utilisé au Québec.»
S'il salue la plupart des propositions de la future politique énergétique du Parti québécois, annoncées la veille, il estime qu'il faudra faire un important débat sociopolitique, tout comme sur les gaz de schiste, avant de développer une industrie pétrolière au Québec.
Pour Lucie Sauvé, le Collectif scientifique sur les gaz de schiste va comparer méthodiquement l'ancien et le nouveau plan de l'EES. Mais, à titre préliminaire, elle note que le comité ne compare pas en priorité les filières énergétiques entre elles pour savoir si le recours aux gaz de schiste est le meilleur choix, ce qui devrait être l'objectif d'une EES.