Mer du Nord : fuite de gaz ou de pétrole?
Greenpeace soutient qu'il y a « beaucoup de pétrole » sur la mer du Nord à cause de l'accident qui a provoqué une fuite de gaz sur la plateforme d'Elgin. Le groupe écologiste a envoyé un bateau pour faire des tests à proximité de la plateforme.
Total, qui exploite le gisement, conteste les conclusions de Greenpeace et soutient qu'il s'agit « d'un condensat léger de gaz ».
Le bateau de Greenpeace, le « Koenigin Juliana », est arrivé à la limite de la zone d'exclusion de 3,7 km instaurée autour de la plateforme Elgin, elle-même située à 240 km des côtes écossaises. La zone d'exclusion a été instaurée en raison des risques d'explosion. Greenpeace a mis un canot à l'eau à partir de ce point pour aller recueillir des échantillons à des fins d'analyse.
« Nous sommes au milieu d'une nappe irisée huileuse », explique un des experts de Greenpeace dépêchés sur les lieux, Christian Bussau. « Il y a une grande quantité de pétrole sur l'eau. Il y en a partout. Cela fait plusieurs kilomètres de long et je dirais, plusieurs centaines de large. C'est vraiment un accident grave. Total doit immédiatement commencer à boucher la fuite ou la pollution ne s'arrêtera pas. »
Les échantillons seront envoyés à un laboratoire afin que les analyses déterminent la substance qui provoque l'irisation.
Le bateau de Greenpeace transporte une trentaine de militants et une douzaine de journalistes. Une légère odeur de gaz est perceptible dans la zone où se trouve le bateau et une irisation est visible sur les vagues.
De son côté, Total dément la présence de pétrole sur la mer. La société précise qu'il s'agit plutôt « d'un condensat léger de gaz, qui ne pose pas de risque significatif » pour l'écosystème, explique une porte-parole. Lorsque la fuite est survenue, Total avait indiqué que la fuite d'un liquide avait provoqué la formation d'une nappe fine d'hydrocarbures d'environ 12 km carrés. Ce condensat doit s'évaporer de lui-même, selon Total.
Bien que le site laisse toujours échapper 200 000 mètres cubes de gaz par jour, Total affirme que « l'impact sur l'environnement » est « relativement négligeable ».
Total se concentre maintenant sur le colmatage de la fuite. La première étape de ce processus consiste à se rendre sur la plateforme pour déterminer l'état des lieux. L'entreprise a mandaté la société américaine Wild Well Control et elle rencontrera des représentants de l'autorité de sûreté britannique à qui elle a soumis une évaluation des risques.
Total envisage deux solutions pour colmater la fuite. La première consiste en l'injection de boues dans le puits et la seconde est une dérivation qui aurait pour effet de détourner le gaz. La première est plus rapide, mais elle requiert l'intervention de techniciens sur la plateforme. La deuxième, et la plus longue, implique de creuser des kilomètres de roches au coût de trois milliards de dollars.
La fuite d'Elgin est le « plus gros incident en mer du Nord depuis au moins 10 ans » pour le groupe, de l'aveu même de Total.