130 pays s'engagent à accélérer le droit universel à l'eau


Entité: 
Agence France-Presse
Date de la référence: 
13 Mars, 2012

Dans leur «déclaration ministérielle de Marseille», adoptée à l'unanimité, les pays ont mis l'accent sur «l'accélération de la mise en oeuvre des obligations en matière de droits de l'homme pour l'accès à l'eau potable et l'assainissement», alors que lors du précédent Forum en 2009 à Istanbul ce droit était encore contesté par plusieurs délégations.

«Avant on considérait que l'accès à l'eau était un enjeu pour d'autres, aujourd'hui tous déclarent qu'il y a urgence à agir, la sonnette d'alarme est tirée», a souligné le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt devant la presse. Il a présidé la journée ministérielle, avec 84 ministres qui ont fait le déplacement, lors de ce Forum qui clôturera samedi.

Le texte de cinq pages est le fruit d'un consensus après trois années de négociations «qui prend en compte de nouvelles réalités: l'eau n'est plus une problématique séparée», a-t-il précisé. Le ministre a rappelé les liens étroits entre la consommation d'eau et la production d'énergie, l'utilisation de l'eau pour l'agriculture et fournir de la nourriture pour les 9,1 milliards d'habitants attendus sur la planète en 2050, autant d'eau de moins pour la consommation des personnes.

Cependant, des voix discordantes se sont fait entendre peu après l'annonce de l'adoption «à l'unanimité» de la déclaration. Le ministre bolivien de l'Eau et de l'Environnement, Felipe Quispe Quenta l'a contestée.

Désaccords

«On a exprimé notre désaccord lors de la rédaction de la déclaration et nous n'avons pas été entendus, la Bolivie n'accompagne pas cette déclaration ministérielle», a-t-il déclaré devant des journalistes. Selon lui, d'autres ont également exprimé leur désaccord, dont son collègue de l'Équateur.

Selon le ministre bolivien, il aurait fallu dire clairement que l'eau est une ressource «non privatisable». Son pays a été la scène de nombreuses manifestations pour défendre l'eau comme un bien public récemment.

«On n'écoute pas les peuples, les organisateurs ne nous ont pas écoutés», a-t-il martelé.

Des membres d'une ONG américaine, Food and Water Watch, ont réussi à pénétrer dans la session ministérielle mardi après-midi et ont constaté que l'on avait délibérément réduit le temps de parole du ministre bolivien lors de son intervention.

De même l'ONG Council of Canadians a affirmé que la délégation ministérielle canadienne avait obtenu de modifier la formulation concernant le droit à l'accès à l'eau potable, alors que les populations autochtones de ce grand pays industrialisé vivent dans des conditions pires que celles des plus pauvres.

Côté africain, le secrétaire exécutif du conseil ministériel africain pour l'Eau, le Gambien Bai-Maas Taan, a rappelé qu'il «ne peut y avoir de développement sans eau». «Nous allons maintenant rencontrer toutes les communautés une à une» pour nous assurer que le droit à l'accès à l'eau pour tous «soit mis en oeuvre», a-t-il indiqué.

Une pétition de plus de 103 000 signatures, récoltées par l'ONG Solidarités Internationales réclamant la mise en oeuvre rapide de ce droit humain pour tous a été remise au ministre de la Coopération. «L'eau est au coeur de toutes les politiques», a assuré le ministre.

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