La fonte de la banquise entraînerait une forte pollution au mercure
Par LeMonde.fr, avec Reuters
La forte diminution de la banquise permanente constatée dans l'Arctique au cours des dix dernières années pourrait avoir comme conséquence l'intensification d'une réaction chimique qui entraîne des dépôts, toxiques, de mercure, à en croire une étude menée par la NASA et rendue publique jeudi 1er mars.
L'épaisse banquise permanente du pôle Nord laisse place progressivement à une glace moins épaisse et plus salée, qui dégage dans l'atmosphère du brome lorsque se produit une interaction avec les rayons solaires et le froid, a expliqué Son Nghiem, chercheur de la NASA au Laboratoire de propulsion à réaction (Jet Propulsion Laboratory, JPL) de Pasadena. Cela déclenche une réaction chimique appelée "explosion de brome" qui transforme le mercure gazeux présent dans l'atmosphère en un polluant toxique qui se dépose sur la neige, les terres et la glace et peut s'accumuler dans l'organisme des poissons, ajoute Son Nghiem, auteur principal de cette étude.
MODIFICATION DE LA COMPOSITION DE L'EAU
"Le rétrécissement de la glace d'été fait parler de lui surtout pour ce qui est de l'exploitation des ressources de l'Arctique et l'ouverture de nouvelles voies maritimes commerciales", rappelle-t-il. "Mais la modification de la composition de l'eau a elle aussi un impact sur l'environnement. Le changement des conditions dans l'Arctique pourrait provoquer des explosions de brome à l'avenir", ajoute-t-il.
Les émanations de brome pourraient, en outre, éliminer l'ozone de la couche la plus basse de l'atmosphère, la troposphère, continue le scientifique. La communauté scientifique, dit-il, cherche toujours à comprendre pourquoi l'Arctique a perdu un million de kilomètres carrés de banquise permanente au cours des dix dernières années. Cela pourrait être dû à une modification du régime des vents pendant cette période, avance-t-il. En mars 2008, l'étendue de la banquise permanente a atteint sa superficie la plus réduite depuis un demi-siècle, et elle a été remplacée par endroits par une glace saisonnière, plus salée car elle n'a pas subi de processus naturel de désalinisation.
L'étude en question a été réalisée par une équipe d'Américains, de Canadiens, d'Allemands et de Britanniques, en combinant des données transmises par six satellites de la NASA, de l'ESA (Agence spatiale européenne) et de l'Agence spatiale canadienne, avec des observations au sol et une modélisation.