Négociations climatiques : Le cul-de-sac de Durban
Par Roger Rashi
Bien que la conférence de l’ONU sur le climat tenue à Durban au début décembre 2011 se soit terminée en un vrai cul-de-sac, les services de relations publiques des Nations Unies, relayés par les grands médias complaisants, se sont évertués à nous faire miroiter les “progrès” réalisés par la “Plateforme de Durban”.
Qu’en est-il de ces soi-disant “progrès” ?
- Le Protocole de Kyoto n’est plus qu’une coquille vide. Amputé des grands pollueurs que sont le Canada, la Russie, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la deuxième période d’engagement allant de 2012 à 2018 ne s’applique plus qu’à la communauté européenne responsable d’à peine 15% des émissions mondiales de gaz à effets de serre (GES). De plus, aucune cible de réduction obligatoire n’est annoncée pour le moment. Quant aux États-Unis, deuxième pollueur mondial, ils ont toujours refusé de se joindre à Kyoto et à tout traité comportant des réductions obligatoires des GES. Le résultat est un Protocole de Kyoto plutôt mort que vivant, ou selon la belle phrase de Pablo Solon, ancien négociateur en chef de la Bolivie, un “protocole sur respirateur artificiel”.
- Le nouvel accord mondial sur la réduction des GES, annoncé en grande pompe à Durban, ne prendra effet qu’en 2020 suite à des négociations devant se terminer pas plus tard que 2015. Le résultat concret de cette nouvelle “feuille de route” est que nous entrons une période de huit ans pendant laquelle près de 85% des émissions mondiales de GES ne seront soumises à aucune forme de réductions obligatoires. De plus, le compromis si péniblement négocié en Afrique du sud, ne mentionne qu’un accord avec un “aboutissement légal”, formule vague à souhait qui laisse envisager un traité faible sans contraintes légales.
- Le fonds vert pour le climat, devant aider les pays en voie de développement à répondre aux dommages causés par les changements climatiques, reste lettre morte. Les États Unis, suivi du Canada et du Royaume Uni, refusent de préciser les sources de financement public de ce fonds préférant se remettre à des sources de financement privées ou, à la limite, à des fonds provenant des revenus glanés sur les marchés du carbone. Malgré les objections des pays en voie de développement, l’administration de ce fonds reste sous la tutelle de la Banque Mondiale. Quoique laisse entendre les Nations Unies, les négociations climatiques de Durban furent un échec sur toute la ligne.
Par contre, la riposte est venue de la mobilisation sociale à l’extérieur de la conférence. Lors d’une journée de protestation regroupant des organisations syndicales, paysannes et de femmes, ainsi que des groupes environnementaux, l’absence d’accords contraignants sur les changements climatiques fut vertement dénoncée. Plusieurs des mouvements sociaux du pays considèrent qu’un nouvel “apartheid climatique” menace les populations les plus pauvres du continent et s’engagent à lutter pour une” vraie justice environnementale”.