Mobilisons pour le Sommet des peuples à Rio et au-delà !
Par Roger Rashi
L’appel du mouvement pour la Justice climatique
Loin de se laisser abattre par l’échec des négociations internationales sur le climat à Durban, le mouvement pour la justice climatique lance un appel à la mobilisation populaire pour la Conférence des Nations Unies sur le développement durable devant avoir lieu à Rio en juin 2012.
Dès le 3 décembre dernier, soit six jours avant la conclusion désastreuse de la Conférence de Durban, conférence qui a vu la « mise sur respiration artificielle » du Protocole de Kyoto, les principaux mouvements ont publié un appel intitulé « Mobilisons pour Rio et au-delà ». Ce texte, signé entre autres par Via Campesina, les Amis de la Terre, Jubilée Sud/Brésil la Coordination andine des organisations indigènes et la Marche mondiale des femmes, convoque tous les mouvements luttant pour la justice environnementale à mobiliser pour un Sommet des peuples lors de la Conférence de Rio. Ce sommet alternatif se donne comme objectif de développer la résistance aux injustices environnementales et sociales et de populariser les alternatives au capitalisme financier en crise.
Cet appel vient d’être repris et confirmé par le Forum social de Porto Alegre qui propose d’associer à cette mobilisation une campagne contre la proposition de l’ONU de bâtir une « économie verte ». Selon l’assemblée des mouvements sociaux réunis à Porto Alegre, cette « économie verte » ne serait qu’une tentative de « verdir le capitalisme » et de transformer la nature en marchandises pouvant être négociées sur les marchés.
Un contre-sommet
Ce Sommet des peuples se veut plus qu’une activité de protestation telle qu’on les a connus lors des Conférence internationales de Copenhague en 2009 ou de Cancún en 2010. Il se voit comme un véritable contre-sommet dans lequel la société civile internationale et les mouvements sociaux et citoyens feront connaître leurs solutions aux crises environnementales et financières et exigeront des réponses du « Sommet officiel », celui des chefs d’État. Cette volonté de confronter le sommet officiel transparaît clairement du calendrier adopté pour le Sommet des peuples. Ce dernier se mettra en branle le 17 juin, trois jours avant celui des chefs d’État, pour se terminer le 23 juin, un jour plus tard. En d’autres termes, le Sommet des peuples veut pouvoir exiger certaines choses du sommet des chefs d’État et évaluer, le 23 juin, ce que ces derniers auraient (ou non) adopté.
En outre, des préparatifs sont déjà lancés pour tenir un défilé populaire à l’ouverture du Sommet des peuples le 17 juin ainsi qu’une Journée mondiale d’action le 20 juin, de façon à accentuer la pression sur les chefs d’État. Cette stratégie, qui priorise la mobilisation contre les puissants de ce monde plutôt que la négociation avec eux, reflète le très large discrédit des négociations internationales chapeautées par l’ONU. En effet, non seulement les trois dernières conférences internationales sur le climat ont piteusement échouées (Copenhague, Cancún et Durban), mais de plus, l’appel au développement durable lancé par l’ONU à Rio en 1992 est devenu une chimère, alors que les pires pollueurs s’en réclament et la planète est au bord de la catastrophe.
Pleinement conscient des ces échecs, le Sommet des peuples se définit comme un espace « libéré de l’entreprise privée » et dédié au « renforcement des actions de résistance et à la construction d’alternatives ». Un espace où l’on pourra « dénoncer le nouvel habit vert du capitalisme ».
En d’autres termes, le Sommet veut agir comme la caisse de résonance des luttes populaires pour la sauvegarde de l’environnement et surtout encourager les résistances citoyennes partout dans le monde. C’est bien la raison qui a motivé les mouvements de justice climatique à ajouter les mots « au-delà » dans leur déclaration initiale. Le Sommet de Rio ne se veut pas une autre conférence internationale sans lendemain, mais bien l’amorce d’une contre-offensive des peuples.